Voiles et Cinéma

LE  MYSTÈRE  DE  VANIKORO

UNE HISTOIRE - UN FILM - UNE ÉQUIPE

 

Durée 60’ 
Diffusé pour la première fois en Janvier 2001 France 3 THALASSA 20 H50, le mystère Vanikoro est de retour sur Thalassa en 2003...

Une co-production

France 3 THALASSA & l’Agence ATOM

Un film réalisé par   Yves Bourgeois
Scénariste   Marc Eisenchteter
Image   Guy Nevers
Image sous-marine    René Heuzey
Son   Michel Faure

photographies de Gilles Mermet

photo Gilles MermetLapérouse appartient au cercle restreint des explorateurs d’exception, tels Marco Polo, Stanley, Cook, animé par le respect de la dignité humaine et la passion scientifique de son époque, le siècle des Lumières.

En 1785, Lapérouse est chargé par Louis XVI de conduire une prestigieuse expédition de découverte destinée à compléter les 3 voyages de Cook.

Pendant près de trois ans, les deux vaisseaux de l’expédition, l’Astrolabe et la Boussole, vont parcourir tous les océans du globe sous toutes les latitudes et par tous les temps.

Le 10 mars 1788, après deux ans et demi de navigation autour du monde et un incroyable périple, les deux frégates lèvent l’ancre de Botany Bay, à quelques encablures de l’actuelle Sydney en Australie, après avoir expédié les derniers courriers du voyage. Leur mission prévoit de remonter vers le Nord via la Nlle Calédonie, la Nlle Guinée … Retour en France prévu par l’Océan Indien.

Après avoir quitter l’Australie, plus rien, pas la moindre nouvelle, la moindre trace. Les deux vaisseaux du roi disparaissent dans l’immensité du Pacifique Sud, et la révolution éclate en France. Comme si les destins de Louis XVI et Lapérouse étaient liés à des milliers de kilomètres de distance.

 « Le mystère Lapérouse » était né et l’une des plus fascinantes enquêtes de l’Histoire allait commencer.

Le silence va durer près de 40 ans, lorsqu’un capitaine irlandais, Peter Dillon, découvre en 1826 un indice troublant au cœur d’une petite île du Pacifique Sud, Tikopia. Pris dans l’engrenage de la découverte d’un possible trésor, Dillon rapporte des objets dont une poignée d’épée qui porte la marque du royaume et sera authentifiée par le consul de France comme appartenant à l’Expédition désormais légendaire.

photo Gilles MermetEn questionnant les indigènes de l’île sur l’origine des objets, Dillon partira à la découverte d’une autre île à trois jours de pirogue vers le nord, Vanikoro, lieu du drame et d’un épilogue que l’on tente toujours d’éclaicir aujourd’hui.

Rapidement Peter Dillon trouvera les restes de l’épave de « l’Astrolabe », dans une fausse passe du lagon, par deux à quatre mètres de profondeur.

Sur ses indications, Dumont d’Urville partira sur les lieux et ramènera ancres, canons et d’autres objets identifiés.

D’autres expéditions de recherches se succéderont, mais peu nombreuses en raison de l’éloignement de toutes routes maritimes de cet ancien volcan du bout du monde dont le climat est épouvantable. Par ailleurs, ses habitants resteront anthropophages jusqu’au début du XXe siècle.

L’île de Vanikoro entre désormais, elle aussi, dans la légende.

Le mystère Lapérouse ne lèvera son voile à nouveau qu’en 1964, lorsque les vestiges de la seconde épave, « La Boussole » que commandait Lapérouse, sont découverts par la Marine Nationale et l’équipe de l’Amiral de Brossard dans une faille de la barrière de récif, à quelques centaines de mètres de « l’Astrolabe ».

Depuis, Historiens, archéologues et plongeurs relisent, analysent, et recherchent toujours les témoignages encore vivants, et tentent par tous les moyens de comprendre ce qui s’est réellement passé durant cette nuit de cyclone tropical un certain jour de 1788.

 

Si le mystère de « l’épilogue » LAPEROUSE s’est enrichi de quelques certitudes… et de nombreux objets trouvés sur les épaves… il reste à élucider de nombreuses énigmes toutes aussi passionnantes et qui relancent sans cesse ce jeu de piste infernal et troublant :

- Dans quelles circonstances le drame s’est-il produit ? y a-t-il eu des survivants ? si oui, où sont-ils allés ? ont-ils pu établir un camp de fortune et vivre dans cet enfer ?

- Ont-ils pu débarquer et vider le contenu des cales du navire rescapé ? où se trouve ce « trésor » résultant de 2 ans et demi de recherche autour du monde ?

- Ont-ils reconstruit une embarcation pour quitter cette prison naturelle ? Sont-ils parvenus à s’échapper ? vers quelle destinée ? Ont-ils été massacrés sur l’île ?

- Certains sont-ils réellement restés sur l’île pour garder leur précieuse cargaison et si oui que sont-ils devenus ? Les natifs de l’île porteraient-ils des traces génétiques ?

 

Cette île est souvent présentée comme un enfer, les instructions nautiques de 1950 précisent : « Vanikoro / climat mortel pour les occidentaux…. » !

Mais où est la vérité ?

 

Bref, les bases d’une enquête d’envergure étaient jetées pour percer les secrets d’une île réellement mystérieuse.

   

« Si J’avais su… ! »

photo Gilles MermetCette aventure a commencé il y a un peu plus d’un an. Au début du mois de Juillet 99, j’ai reçu un premier coup de téléphone d’un ami calédonien, membre de l’association Salomon qui m’annonçait à titre confidentiel que l’ultime expédition du siècle sur les traces de Lapérouse se confirmait. Cette opération était en préparation, dans l’ombre et la discrétion, depuis près de dix ans par l’équipe d’Alain Conan. Les difficiles autorisations et conditions nécessaires étaient enfin réunies pour cette fois passer à l’acte.

Je connaissais bien certains membres de cette association, que j’avais rencontré en 94 lors du tournage du film « Le Roi Nick, la fièvre de l’or vert » consacré à la fabuleuse histoire du nickel. Certaines séquences du film racontent l’épopée des grands voiliers minéraliers dont quelques célèbres épaves gisent dans le lagon calédonien. L’association nous avait apporté son aide et son expertise, notamment sur le tournage des images du « France II ».

Je n’avais rencontré Alain Conan qu’une seule fois mais nous avions sympathisé, surtout entre nantais ! passionnés de ces histoires maritimes et parfois familiales.

Je savais par ailleurs qu’il avait apprécié le film sur le nickel et c’est dans ce contexte qu’il m’a appelé à son tour pour me demander si l’aventure qui se préparait pouvait m’intéresser.

Le premier problème était le délai : le départ de l’expédition était prévu le 20 novembre. J’avais à peine 4 mois pour tout mettre en route. Ce qui est extrêmement court pour une opération de cette envergure.

Je ne connaissais pas du tout le sujet, qui représente en quantité, des tonnes de documents et d’archives à digérer pour être bien imprégné de l’histoire et avoir la plus grande objectivité possible.

Cette énigme légendaire est aussi passionnante que compliquée.

 

Énigme passionnante parce qu’elle recèle tous les ingrédients que l’on rêve de mettre dans un film : la découverte, le romantisme, la science, l’aventure, un trésor, une île maudite, des personnages à très fort tempérament et des décors fabuleux, dont Versailles, l’Observatoire, les Archives Nationales….Et c’est une histoire pleine de rebondissements, une pelote de fils qui ne se vide jamais.

Je me suis fait prendre par le virus de Lapérouse. Une vingtaine de livres à lire, des heures de rencontres, de visites de lieux, de consultations d’archives, la réalité d’un engrenage qui vous avale.

Parfois pas facile à vivre, surtout pour ceux qui vous entourent… ! Mais égoïstement je dois dire : « Géniale histoire que celle de ce capitaine ! »

 

Énigme compliquée parce que d’une telle richesse encyclopédique et historique. C’est exactement l’image d’un long couloir sur lequel donne une multitude de portes .

 Chaque porte ouvre sur un thème lui aussi passionnant qui à nouveau s’ouvre vers d’autres portes et ainsi de suite (les longitudes, le scorbut, la botanique, l’astronomie, Louis XVI…etc). Le piège est de ne pas se laisser entraîner dans ce dédale.

Énigme Compliquée aussi, par l’obligation de suivre la chronologie de l’histoire qui s’étale sur deux siècles, …C’est long et comme toutes les enquêtes policières, chaque étape, chaque hypothèse, chaque théorie est intéressante et a son importance.

Dur, très dur en 52’… !

Pour la première fois, j’ai sollicité la collaboration d’un scénariste, Marc Eisenchteter, plus versé dans le domaine de la fiction que celui du documentaire, qui avait le recul et un regard neuf, avec qui j’ai pu développer une dramaturgie très précieuse dans le cadre de ce montage difficile. Cette expérience s’est avérée passionnante et très constructive quant au choix et à la sélection parmi les trop nombreux thèmes et évènements historiques qui jalonnent cette aventure et dont nous devions retenir l’essentiel pour garantir clarté et compréhension.

Il existe dans ce type de récit plusieurs combinaisons possibles ;

Après bon nombre de réunions, de paperboards noircis, de mails échangés, nous avons décidé de juxtaposer le travail des historiens à celui des archéologues terrestres ou sous-marins avec le point de vue d’un narrateur- enquêteur.

Nous voulions que le spectateur puisse se mettre à la place de tous ces hommes et ces femmes (Louis XVI, Eléonore, …) qui, un beau jour, ont vu partir cette expédition et qui auraient rêvé de se lancer sur ses traces. Nous le faisons pour eux.

L’important était de parvenir à préserver l’émotion, la curiosité, la passion, la découverte, le suspense et le rythme.

Un tournage pas simple non plus. Pas de repérage possible, et pour cause : aller à Vanikoro c’est loin, c’est long, c’est parfois aléatoire. Une île au bout du monde, un ancien volcan effondré perdu dans le pacifique sud, où il tombe entre 5 et 6 m d’eau par an, où naissent les cyclones, une île coupée de toute civilisation.

Les deux chantiers de fouilles, sous-marin et terrestre, nécessitaient deux caméras donc deux cameramen qui devaient tourner en parallèle.

Il fallait à tout prix pouvoir filmer cette île avec du recul, de la hauteur et rapporter les premières images inédites de cet endroit si incroyable.

Le seul moyen possible était d’utiliser une montgolfière à air chaud équipée pour le tournage aérien. Facile à dire, mais pas facile à faire ou plutôt à transporter sur un voilier ou un zodiac (250 Kg de matériel). De plus, à Vanikoro, les endroits d’où l’on peut décoller et atterrir sont très rares, sans parler des conditions météo éprouvantes. En 35 jours de présence sur l’île, nous avons réalisé 6 vols d’environs 20’ dans 5 lieux différents. Tous à l’aube entre 5 heures et 6 heures avant que le vent se lève et bien sûr uniquement les jours de beau temps ( très beau temps à Vanikoro veut dire nuageux avec éclaircies et sans dépression). Clin d’œil de l’histoire, Lapérouse est le premier explorateur de tous les temps à avoir emporté un ballon à air chaud.

Travelling à Versailles, mini-grue dans les souterrains des Archives, steadycam dans la galerie des Cartes et Plans, barque sur le Tarn, nacelle pour la statue de Lapérouse à Albi…

Le premier critère de réussite dans une telle opération est de pouvoir compter sur une équipe préparée et solidaire, prête à faire face aux difficultés de toute nature, et opérationnelle quelques soient les conditions de vie et de tournage. L’équipe du film fut à ce titre «  hors normes », passionnée et disponible. Ce fut sincèrement, un réel bonheur et surtout un formidable soutien de travailler ensemble.

Si le tournage est un sujet intarissable d’anecdotes, de péripéties, le montage du film n’a pas échappé à la règle de la difficulté. 150  Gigas de mémoire, quatre mois de bons et moins bons souvenirs où la même complexité de « la chronologie obligatoire » et où les 40 heures de rushes, nous ont offert les débats les plus … .animés.

Bref, Je savais que la vie sous les ordres de Lapérouse n’était pas forcément de tout repos, à deux cents ans d’intervalle, je crois pouvoir le confirmer… !

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© France II Renaissance  05 May 2007